Né à Paris le 2 janvier 1927, Jean Thiercelin commence très tôt à peindre et à écrire. Lors de la Seconde guerre mondiale, il s’engage très jeune dans la Résistance comme agent de liaison. Il est arrêté le 14 avril 1944 et transféré à la prison de la Santé de Paris, il n’en sortira qu’à la Libération de Paris. Ce séjour en prison va le marquer fortement ; il en garda une virulence jamais démentie contre toute injustice ou contre toute contrainte.
Dès la fin des années 40, il effectue différents séjours en Provence, en Bretagne et en Corse. Il réside de 1952 à 1955 sur cette île, dans un moulin qu’il évoquera plus tard dans Description pour Bevinco. En Provence, il fréquente assidûment des artistes québécois qu’il présentera au groupe surréaliste ainsi qu’au mouvement Phases : Roland Giguère, Léon Bellefleur, Jean Benoît et Mimi Parent. Puis il regagne Paris où il fréquente le groupe surréaliste autour d’André Breton au café La Promenade de Vénus ; il se lie d’amitié avec Aube et Yves Elléouët. Thiercelin participe à la grande exposition internationale du surréalisme titrée EROS et organisée dans la galerie Cordier durant l’été 1959/1960 ; en 1960 il signe deux tracts surréalistes « Tir de barrage » et « We don’t ear it that way », ainsi que la même année le Manifeste des 121, la « déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie » ; il milite activement contre cette guerre.
Le début des années 60 est aussi l’époque où le groupe surréaliste s’active de concert avec le mouvement Phases fondé plusieurs années auparavant par Édouard Jaguer. Thiercelin participe alors aux activités de Phases : il publie régulièrement des poèmes dans les différentes revues de ce mouvement Phases : Phases, Edda, Documento Sud : par contre il ne sera pas au sommaire des revues surréalistes. En 1958, lors d’un séjour à Montségur pour voir les ruines cathares, Lacomblez, peintre surréaliste et animateur de Phases en Belgique, rencontre Thiercelin à Aix-en-Provence ; une grande amitié commence. Thiercelin s’éloigne des surréalistes suite à l’expédition punitive de trois d’entre eux contre Georges Hugnet fin 1962. Après la rupture entre Phases et les surréalistes en 1964, il sera un des rares surréalistes à basculer dans Phases et rejoindre d’autres plus anciens surréalistes, alors que plusieurs « phasistes » resteront avec le groupe surréaliste.
De 1963 à 1966, il participera au comité de rédaction de la revue Ailleurs dirigé par Henry Tronquoy. Tout en effectuant des séjours prolongés en Amérique latine, au Canada et dans divers pays du monde, il va se fixer en 1968 en Provence, à Cadenet dans le Vaucluse ; il n’en bougera plus. Il a comme voisin son ami le poète Claude Tarnaud, lui aussi passé par le groupe surréaliste et participant actif au mouvement Phases. Avec une forte complicité, Lacomblez, Tarnaud et Thiercelin ont formé un trio impliqué dans la plupart des aventures de Phases, s’en éloignant même entre 1966 et 1974. Thiercelin publie aussi dans la maison d’édition de Lacomblez, L’Empreinte et la Nuit.
Par l’intermédiaire des deux autres, il se lie d’amitié avec Julio Cortazar qui préface son grand récit Don Felipe qui fut d’abord édité en espagnol à Madrid. Un livre de Thiercelin paraît au Québec, un autre au Sénégal, plusieurs sous l’enseigne belge de L’Empreinte et la Nuit – mais rien en France. Il ne cherche pas à être exposé ou publié outre mesure, se contentant de participer aux aventures collectives autour de Phases et ses amis. Il décède à Cadenet le 29 avril 1999.
Richard Walter
Les éditions Quadri ont édité en 2008 :
Jean Thiercelin & Michel Olyff, Don Felipe, 2008
96 pp. sur papier Rives traditions, 19×24,5 cm. Tirage : 175 ex. Préface (inédite en français) : Julio Cortazar. 25 €
Il est encore disponible dans la librairie d’Infosurr : catalogue 2019
Jean Thiercelin aux éditions du Grand Tamanoir