Texte en anglais à la fin de l’article
Peintre et poète prolifique, animateur du groupe surréaliste du Pays de Galles, surréaliste engagé depuis son adolescence, il crée, avec Conroy Maddox, Roger Cardinal et d’autres, le groupe Melmoth à Londres en 1979 et une revue du même nom, groupe et revue qui n’ont connu qu’une brève existence. La même année, il organise une énorme exposition internationale du surréalisme The Terrain of the Dream [Le Terrain des Rêves] et en 1982 publie une série de poèmes, Water Throat [Gorge d’eau]. En 1990, il rompt brutalement avec sa carrière de fonctionnaire européen à Londres et à Bruxelles et se retire dans son Pays de Galles natal, où un groupe très actif se forme rapidement autour de lui.
Il change alors radicalement d’approche esthétique et passe d’un monde de ruptures réalistes très brutales, de découpures et de coupures d’objets et de membres humains sans suture – scènes où des mains clouées donnent naissance à des chevaux pris dans des étaux – à un monde intérieur organique où des soulèvements géologiques, des proliférations tubulaires et racinaires sont également, inséparablement et à s’y méprendre, des mouvements viscéraux, des empilements et des enchevêtrements intestinaux propres au corps humain.
C’est à travers ces « méprises » qu’il est amené à explorer la mythologie celte dont il est par ses ancêtres l’un des héritiers, tout comme Ithell Colquhoun qu’il a toujours admirée. John Welson est devenu, au cours du temps, ni plus ni moins qu’un nouveau barde gallois et c’est en cela que sa rencontre avec Ithell Colquhoun, druidesse de Cornouailles, était inévitable, liés qu’ils sont tous les deux, par cette connaissance tellurique des profonds secrets des cromlechs et autres mégalithes, et des ondulations lascives des collines du Pays de Galles et des Cornouailles. C’est pourquoi il n’a pas hésité, par amitié et par atavisme, à consacrer 14 dessins visionnaires aux illustrations de L’Oie d’Hermogène, dont un dessin par chapitre, c’est-à-dire un dessin par opération alchimique du Grand Œuvre, que le livre évoque.
Le monde de John Welson est un monde de passion et de ferveur, de soleil et de glèbe, d’explosions-fixes, d’un monde où le macrocosme rencontre le microcosme, où le musculaire rencontre le spirituel, en une parturition toujours renouvelée, si facilement identifiable au monde de l’inconscient. C’est ce que Édouard Jaguer, l’animateur du mouvement Phases auquel Welson a participé, décrit en 2004 comme « une peinture viscérale qu’on n’avait pas vue depuis les tableaux de Henri Goetz de 1947/1948 ».
Dans les années 2010, il entame une collaboration avec Jean-Claude Charbonel, membre de Phases, peintre et chantre de la légendaire Armorique, développant une fraternité « interceltique ». En 2015, avec ses amis du groupe gallois et Patrick Lepetit, il célèbre à la fois Arcane 17 d’André Breton et l’Alice de Lewis Carroll pour leur puissance subversive, à laquelle plusieurs textes et tableaux ont rendu hommage, entremêlant l’humain, le mythique et le naturel.
Auteur de nombreux tableaux présentés lors de près d’une centaine d’expositions internationales, ainsi que de plusieurs plaquettes de poèmes, John Welson est l’un de ceux qui tiennent encore et entretiennent le flambeau du surréalisme vivant.
John Welson est le flamboyant poète des forces telluriques et cosmiques.
Michel Remy
(extrait de L’Oie d’Hermogène d’Ithell Colquhoun)
John Welson aux éditions du Grand Tamanoir
L’Oie d’Hermogène d’Ithell Colquhoun (illustrations, 2025)