Née le 9 octobre 1906 à Shillong dans la province indienne d’Assam, d’un père militaire, Ithell Colquhoun étudie à la Slade School of Art de Londres de 1927 à 1931, rejoint la Société des Peintres et Muralistes tout en se passionnant pour l’ésotérisme. Elle adhère à la Quest Society, société secrète, et écrit son premier article dans son organe d’expression Quest en 1930. L’année suivante, elle se rend à Paris, loue un studio voisin de Paule Vézelay et découvre le surréalisme (Man Ray fait un portrait d’elle costumée en déesse Cérès).
Elle visite la Grèce, Ténérife et la Corse et se rend à l’Exposition Internationale Surréaliste de Londres en 1936. Fascinée par les propositions esthétiques de Dali, elle y voit l’abolition du dualisme réel/imaginaire centrale à la recherche surréaliste autant qu’à la recherche ésotérique. Elle rejoint le groupe surréaliste anglais de Mesens en 1939, année où elle rencontre André Breton à Paris et se lie avec Matta et Gordon Onslow-Ford dont la « morphologie psychologique » l’intéresse. En 1940, elle est exclue du groupe surréaliste par Mesens qui lui reproche son intérêt pour l’occultisme. Elle se rapproche de Toni del Renzio en 1942, l’épouse en 1943 (elle en divorcera en 1947), participe en 1942 à Salvo for Russia, petite plaquette de Nancy Cunard en aide à la Russie en guerre et développe une intense activité au contact de lectures des penseurs et alchimistes médiévaux et contemporains. En 1946, elle s’installe en Cornouailles définitivement, où elle écrit de nombreux textes inspirés des mythes, légendes et récits celtiques, ainsi que des paysages, de leurs cromlechs et cercles de pierres. Pour elle, la nature, la terre et l’homme participent de la même énergie tellurique.
Mis à part son exploration de l’automatisme par de nombreux tableaux et par des « techniques » comme le parsemage, la graphomancie ou la stillomancie, elle a publié The Living Stones en 1955, The Crying of the Wind en 1957 et The Goose of Hermogenes en 1961. Surréaliste recluse mais active, membre éminent de plusieurs sociétés secrètes, elle n’a jamais cessé de poursuivre les voies du merveilleux surréaliste. Elle décède en avril 1988.
Michel Remy, août 2025
Ithell Colquhoun aux éditions du Grand Tamanoir
L’Oie d’Hermogène d’Ithell Colquhoun