Christian Martinache, né en 1953, tient depuis longtemps un carnet de route sous forme de peinture, manière de garder une empreinte du temps, du paysage, de la vie. Un travail de mémoire et de dialogue entre obscurité et lumière.
C’est à l’adolescence qu’il découvre la peinture et réalise ses premiers collages. Des études d’arts plastiques dans l’agitation soixante-huitarde de Vincennes. Il est attiré par l’expressionnisme abstrait mais le surréalisme n’est pas oublié comme technique artistique mais aussi éthique de vie. La philosophie, Deleuze, le jazz, Led Zeppelin, Spirou, toute une culture souterraine inspire tant ses oeuvres que sa démarche dans la vie.
Le souçi du collectif n’est pas oublié : participations aux salons de la
jeune peinture, de Vitry et de Montrouge. Depuis 1995 il expose régulièrement et s’investi dans le salon des réalités nouvelles à Paris. Des expositions personnelles comme Les Chemins de Parménide (1995). En 1998 la mairie de Château Thierry lui commande une exposition, pour illustrer la bataille de la Marne. Il s’inspire alors des Carnets de guerre du soldat tonnelier Louis Barthas, textes hostiles à la guerre : ses oeuvres réalisées à partir de négatifs sur verre du XIXe siècle, faisaient alors référence à le mémoire collective. Il expose aussi dans des galeries à Paris (La Hune Brenner ; Espace Toulouse Lautrec ; Carted) comme à Pékin. Il participe à des expositions collectives (Maison du surréalisme à Corde sur ciel, Lumière et ombres avec les peintres calligraphes Cheng Xiang Long et Ye Xiang Tiang en 2001) comme en duo avec Manu Rich (Galerie Oberkampf, novembre 2008). Il travail et organise pour un centre culturel d’économie sociale des expositions de photographie et de peinture.
La poésie est un de ses agitateurs : il n’oublie pas de dialoguer avec ces poètes : Femme avec enfant entourée d’animaux de Carmelo Virone (Syllepse, 2003), Possession avec Ludovic Tac (Le Bison blanc, 2009), Les Messagères coperniciennes avec Paul Sanda (Rafael de Surtis, 2009). Dans un autre registre Christian Martinache a produit également avec M. H. Rolin un CD audio La Parole est à Péret, composé de lectures de poèmes du surréaliste Benjamin Péret.
Note sur Les Coulisses de plomb :
En peinture, je ne prémédite pas l’idée, je construis sans esquisse, à partir du blanc de la toile, « ce rien sans lieu » nous dit Rilke, une fiction intuitive qui se formalise avec le temps – l’enjeu étant de retrouver la liberté de ton et la sincérité du geste au profit du sens (Delacroix, Kandinsky, Motherwell…). Pour moi chaque œuvre n’a d’autre raison d’être que son aventure singulière – capter un instantané de l’infini, fixer le chaos de l’univers. Elle n’existe qu’achevée, rien ne peut la prédire, elle est l’imprévu.
J’ai retrouvé cette même liberté de faire avec le Polaroid, en détournant l’épreuve de son concept initial (à la manière de Raoul Ubac avec ses Penthésilées). La découverte de ce processus est une histoire inattendue. En 2007 j’ai laissé trainer sur mon bureau un polaroid qui, avec le temps, s’est solarisé à la lumière du jour. Le résultat, insolite, m’a plu et j’ai entrepris de reproduire ce phénomène aléatoire. Je lui ai donné le titre approprié d’« accident du travail ».
À la lecture des poèmes de Guy Girard l’utilisation des Polas m’est apparue comme une évidence parce qu’ils procèdent d’un automatisme tout aussi symbolique et qu’ils cèdent à une émotion cosmique, lourde comme le plomb d’une nuit martienne en pleine fusion.
Christian Martinache
Présentation dans Le Glacier de l’abondance :
Pour Christian Martinache le peintre met sa technique au service du sensible et de la poésie. Pour lui la peinture est la vision d’un nouveau monde se développant sur un plan d’effusions et d’intensités chromatiques qui rend visible par la praxis le ressenti des résidus psychiques et temporels ; concrètement chez-lui la peinture anticipe avec l’intime. Le musicien reproduit des sons à partir d’une harmonie, le peintre engage la peinture sur des lignes de fuites avec pour choix l’abstraction.
Pour Christian Martinache la peinture doit être une expérience de la pensée.
Pour Christian Martinache, l’horizontalité et la verticalité sont la quintessence de sa peinture. L’horizontalité renvoie spontanément à l’idée, à la sensation de paysage alors que la verticale, tel un axis mundi, inscrit une perception plus métaphysique du monde. Celle qui précisément n’a cessé de mettre au défi le génie humain dans sa quête physique, matérielle et spirituelle du verticalisme. Et c’est une nécessité déontologique pour l’artiste que de restituer cette infrastructure ; de façonner une nouvelle géologie, depuis la trame de la toile, jusqu’à l’entrelacement des couches d’enduits, de résine et de pigments qui la recouvre Christian Martinache ne s’interdit pas d’élaborer d›autres géologies, comme l’expérimentation de polaroids solarisés ou encore l’exploration des potentialités du collage et de l’aquarelle pour des contributions littéraires. » (Sylvia Acheré, 2018).
Christian Martinache aux éditions du Grand Tamanoir
Tableaux noirs (2009)
Les Coulisses du plomb (2015)
Les Sans-Culottides (2020)
Le Glacier de l’abondance (2024)
Parmi ses dernières expositions :
2009 : Collages, Maison des surréalistes, Cordes sur Ciel ; Galerie Oberkampt avec Manu Rich, Paris.
2011 : exposition de collages, Les Messagères coperniciennes, La Hune Brenner, Paris.
2012 : Fantomazing Stories, avec Guy Girard, Florent Chopin, Galerie Amarrage Saint-Ouen.
2012 : Lapidation, installation avec Sandrine Mathieu d’après un texte de Lauriane Stengers.
2013 : installation Une raison en enfer, d’après les voyelles d’Arthur Rimbaud avec Sandrine Mathieu et Laurence Rebho.
2014 : ART en voyage, exposition collective, Pékin.
2015 : Les Nuits martiennes de J.Kepler, exposition de chimi-grammes, Salon des réalités nouvelles, Paris. Prix ArtHebdo Médias.
2016 : Project’Arp, célébration Dada à la galerie Abstract Projet, exposition collective.
2016-2017 : expositions de peintures et de collages, Galerie Art4 Louvigny, Caen.
2017 : exposition de peintures, La plus petite Galerie du monde, Roubaix.
2017/2018 : Farouchement peintres, exposition collective, Roubaix et Lille.
2019 : Le Dessin surréaliste, exposition collective, Amarage, Saint-Ouen, & Maison André Breton, Saint-Cirq Lapopie.
Depuis, Martinache a participé aux expositions RVB & Pretty Little Things (Galerie Abstract Project, Paris, 2020 & 2024), expositions d’aquarelles à La Nuit des Arts (Roubaix, 2023 & 2024), Hors les murs – Réalités Nouvelles (Bastia & Pekin, 2024).