Jean Bazin & Jean-Marc Debenedetti

Posface à Figures de proie, août 2008

Jean Bazin et Jean-Marc Debenedetti appartiennent à cette génération qui avait seize ans en 1968 à Paris et qui avec l’enthousiasme et l’énergie que leur avait procuré leur participation au mouvement de Mai, plaçaient leurs raisons de vivre dans la poésie et la liberté. Sans se connaître alors, ils se situaient déjà loin des salonnards équivoques qui font métier de littérature, respiraient tous deux l’incandescence du sable que l’on sentait couler entre les pavés, et éprouvaient le désir ardent de connaître leurs aînés surréalistes dans lesquels ils se reconnaissaient.

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Jean Bazin & Jean-Marc Debenedetti, Figures de Proie

Le livre :

On y entre comme dans une forêts de signes indéchiffrables…
La complicité entre l’auteur et l’illustrateur est prégnante dans ce recueil ; elle s’illustre dès la mise en scène des mots sur la page, dès l’orée de ces quelques signes palpitant et oscillant de manière constante entre le jour incandescent et la nuit magnétique :
Les nuits singulièrement plus courtes y échangent de longues poignées de mots fuite des incohérences extrême limite du signe où toute halte est impossible.

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Jacques Lacomblez & Jean-Claude Charbonel, Pages de mégarde

Qu’il s’agisse de feuilles éparses jetées aux vents ou de faire feu de tout bois, Jacques Lacomblez ne se départ pas d’une humilité qui lui fait honneur, parmi ces quelques copeaux de poème, naviguant entre la raideur de l’aphorisme et l’art éphémère du fragment. Tout est dit dès les premières lignes, avec cette notation tremblant d’ironie contre son propre art : « L’esprit de provocation est souvent semblable à un casque ancien de Prusse armé d’une seconde pointe dirigée vers l’intérieur ». En effet, manier ainsi l’aphorisme, c’est lancer une pointe ulcérée qui entrave le réel certes, mais qui se retourne aussi et surtout contre son auteur, comme pour aller jusqu’au bout de l’esprit des mots. L’élan poétique est ainsi libéré, en avant et contre tout, en un mélange de frivolité et d’ironie, dans ces aphorismes acides et parfois très beaux : « « L’enfer, c’est les autres ». Soit. Mais ceux-ci, partis, vous laissent toujours une boîte d’allumettes, soit en prétexte de leur retour, soit pour que vous vous brûliez les doigts dans la solitude. » Cela ne fait bien sûr qu’augurer de la suite de ces quelques notations…

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