Philippe Audoin

Extrait de la biographie de Jérôme Duwa publié dans Philippe Audoin & Jean-Claude Silbermann, Les Capucines aux lèvres d’émail

[…] « Le temps n’est pas venu de parler d’André Breton sans passion » écrivait encore Audoin dans un livre précédent, datant de 1970, consacré à l’auteur du Revolver à cheveux blancs. Beaucoup des malentendus relatifs au surréalisme disparaîtraient si l’on parvenait plus souvent à se tenir résolument dans l’ouverture d’angle de la passion.


La rencontre avec Breton, qui n’a tenu qu’à « un fil » (Audoin), se fit attendre ; après l’avoir aperçu pour la première fois en 1947, lors de la conférence plus que houleuse de Tristan Tzara (Le Surréalisme et l’Après-guerre) en Sorbonne, ce n’est qu’en octobre 1959 que Philippe Audoin se résout à lui adresser une lettre. Peu de temps auparavant, une erreur d’autobus de Breton à la station située entre Blanche et Pigalle les conduit à engager la conversation et à évoquer leurs « brèves et déjà anciennes relations ». À la suite de l’exposition internationale du surréalisme de la galerie Maeght (1947), Philippe Audoin s’était en effet rendu à quelques réunions au Café de la Place Blanche, mais en position de simple spectateur et sans y avoir été convié. […]

Il fallait que se présente le moment souverain.
Ce moment s’impose alors qu’il a 45 ans, l’année même de la mort de Maurice Fourré, lequel appartient de plein droit à ces « fantômes » du genre charmant, auxquels il consacra un ouvrage au Soleil noir : Maurice Fourré rêveur définitif (1978). Les premiers textes de Philippe
Audoin parus dans la revue La Brèche, action surréaliste délimitent déjà le spectre très large de ses centres d’aimantation : la cabale phonétique, l’héraldique, la philosophie hermétique, Georges Bataille, Charles Fourier. Et on y décèle dès « Incessu patuit » (La Brèche n° 7, décembre 1964) son goût pour tout ce qui se tient à l’écart, dans les villes comme dans ce qu’on nomme culture. C’est ainsi qu’il fait surgir le bois-sacré de la démarche des déesses de pierre des anciens Petits-Jardins des Tuileries, aujourd’hui transformés. […]


Philippe Audoin aux éditions du Grand Tamanoir :

Les Capucines aux lèvres d’émail


Dans Endetté comme une mule, deux belles pages de Losfeld au sujet d’ Audoin (p.196-197 de la réédition de Tristram)

« Au fil des années soixante, Philippe Audoin fut en quelque sorte le Cingria du surréalisme. J’espère que cette proposition choquera, et qu’un jour un éditeur aura l’idée de réunir les textes qu’il signa de son nom… »
Et plus loin :
« Philippe Audoin écrit comme il converse, et réciproquement ; il a la gourmandise des mots, des idées et des personnes.On peut même le considérer  à ce titre comme un véritable gastroscopie. »