Les Coleman

(Kirk Ella, 6 mai 1945 – 17 janvier 2013)

Les Coleman est décédé en janvier 2013. Nous perdons là l’un des artistes anglais contemporains les plus intransigeants dans leur engagement contre l’Establishment littéraire et l’un des plus prometteurs, qui ne reniait pas son appartenance naturelle à l’esprit surréaliste et dadaïste sans pour autant s’en réclamer haut et fort.


Né près de Hull dans le Yorkshire en 1945, il étudie les beaux-arts à l’université de Leeds et se retrouve à Londres en 1967. Il est l’auteur d’aphorismes et de dessins qui l’inscrivent tout à fait dans la lignée de Maurice Henry – à qui il vouait une immense admiration – et, en Angleterre, d’Anthony Earnshaw et de Patrick Hughes, tous quelque part héritiers de Lichtenberg et de Wittgenstein. Dans les années 80 et 90, les aphorismes de Colemans sont traduits en français et publiés dans Les Lèvres Nues de Marcel Mariën. Deux recueils sont à signaler en français, Impensées (Paris, éd. Hourglass, 1994) et Je suis trop vieux pour mourir jeune (éd. Station Underground d’Émerveillement Littéraire, 2005). En janvier 1978 il participe à l’exposition Surrealism Unlimited organisée par Conroy Maddox en collaboration avec le mouvement Phases d’Édouard Jaguer au Camden arts centre à Londres. Il venait d’éditer un vibrant et magnifique volume en hommage à Anthony Earnshaw (Anthony Earnshaw, the Imp of Surrealism, Sheffield, éd. RGAP, 2011).

Avec Glen Baxter, autre dessinateur d’esprit parfaitement surréaliste, et l’éditeur Alastair Brotchie, entre autres, ils formaient ce qu’on pourrait appeler une avant-garde discrète mais dont l’esprit subversif s’affirmait au fil des expositions communes.
On aimerait citer tous ses aphorismes qui le font échapper au mutisme de la grande faucheuse. En voici quelques-uns qui le feront au moins séjourner en notre mémoire :
« Brève histoire de l’igloo africain »
« Il savait d’où venait sa peur de l’inconnu »
« Lavez l’eau avant de la boire »
« Les narines sont la partie manquante du nez »
« Une odeur indétectable envahit la pièce »
« La seule différence entre les mots est qu’ils s’épellent différemment »
« Personne au club des nudistes ne soupçonnait que c’était une religieuse »
On n’arrêterait pas. Les Coleman est l’auteur de tous les horizons verticaux dont on peut rêver et des arcs en ciel dans la nuit.

D’après l’article de Michel Remy dans Infosurr n° 105, janvier – février 2013.


Les Coleman aux éditions du Grand Tamanoir (traduit par Michel Remy) :

Brève histoire de l’igloo africain / A short history of the african igloo